Le classement TIOBE de septembre 2025 fait ressurgir un fantôme du passé : Perl, longtemps considéré comme relégué aux archives du code, occupe désormais la dixième place mondiale. Un retour inattendu qui interroge autant sur la méthodologie des classements de langages que sur la capacité de l’industrie à se libérer de ses héritages logiciels. Derrière la statistique se cache une réalité plus profonde : et si la survie des « vieux » langages disait quelque chose de notre dépendance aux infrastructures invisibles du numérique ?Le classement TIOBE de septembre 2025 a réservé une surprise à la communauté des développeurs : Perl, langage que beaucoup considéraient comme dépassé, occupe désormais la dixième place mondiale. Une performance inattendue qui soulève des questions sur la pertinence des classements, sur la vitalité réelle de Perl et sur le rôle qu’il peut encore jouer dans l’industrie logicielle contemporaine.
Un retour inattendu dans le top 10
Pendant des années, Perl semblait condamné à la marginalité, éclipsé par l’ascension fulgurante de Python et par la domination des langages modernes comme JavaScript, Go ou Rust. Sa syntaxe jugée cryptique, son manque de frameworks récents et l’absence d’une dynamique communautaire forte le reléguaient dans la catégorie des langages « historiques », utilisés surtout pour maintenir du code ancien.
Pourtant, selon l’index TIOBE, Perl enregistre depuis plusieurs mois une remontée régulière qui le propulse dans le top 10, devant des langages considérés comme plus en phase avec les besoins actuels. Ce retour n’est pas seulement statistique : il illustre la résilience d’un langage qui continue de compter des utilisateurs actifs, notamment dans les secteurs où la migration technologique est coûteuse ou risquée.
À ce sujet, Paul Jansen, PDG de TIOBE, a fait le commentaire suivant :
Pour analyser ce phénomène, il faut rappeler ce que mesure vraiment le TIOBE Index. Publié mensuellement, ce classement repose sur des critères de visibilité : nombre de recherches effectuées sur Google, Bing, Wikipedia, YouTube, Amazon ou Baidu, disponibilité de cours et de ressources, volume de questions posées sur les forums techniques.
Autrement dit, TIOBE ne mesure pas le nombre réel de lignes de code écrites en Perl aujourd’hui ni le nombre de développeurs actifs. Il évalue plutôt la présence médiatique et documentaire d’un langage. Cela signifie qu’un langage peut grimper dans le classement grâce à des débats, à un regain d’intérêt académique, ou simplement parce qu’il reste massivement documenté et recherché par ceux qui doivent maintenir des systèmes existants.
Pourquoi Perl persiste-t-il ?
Trois grands facteurs expliquent pourquoi Perl refuse de disparaître :
Le poids des infrastructures héritées. De nombreuses entreprises, notamment dans les télécoms, la finance et la recherche scientifique, continuent de faire tourner des systèmes écrits en Perl. Les réécrire représenterait des coûts colossaux et des risques techniques importants.
Sa puissance en administration système. Avant l’avènement massif de Python, Perl était le langage de référence pour automatiser des tâches complexes sur les serveurs Unix et Linux. Cette expertise accumulée reste précieuse, notamment dans certains environnements critiques.
Un rôle dans la bio-informatique. Dans ce domaine où de nombreux outils scientifiques historiques sont écrits en Perl, le langage continue d’être enseigné et utilisé par nécessité plus que par choix.
Un langage qui survit plus qu’il ne renaît
Faut-il interpréter ce retour comme un renouveau de Perl ? Probablement pas. Si la communauté reste active, le langage peine à attirer de nouveaux développeurs, et les entreprises qui lancent de nouveaux projets préfèrent miser sur des langages modernes. Python, grâce à ses bibliothèques de data science et d’intelligence artificielle, ou Rust, avec ses performances et sa sécurité mémoire, incarnent davantage l’avenir du développement logiciel.
Perl bénéficie donc d’un effet d’inertie plus que d’une véritable renaissance. Sa présence dans le top 10 traduit surtout l’importance des systèmes existants et la nécessité de disposer encore d’experts capables d’intervenir sur du code ancien.
Le débat sur la valeur des classements
Ce regain de visibilité relance aussi le débat sur la pertinence du TIOBE Index. Est-il raisonnable d’évaluer la popularité d’un langage sur la base des moteurs de recherche plutôt que sur des statistiques d’usage réel ?
D’autres classements, comme ceux de RedMonk ou de GitHub, privilégient des indicateurs liés à la production de code (commits, projets actifs, dépôts publics). Dans ces classements alternatifs, Perl apparaît beaucoup plus bas, confirmant que sa place dans le TIOBE est davantage le reflet d’une mémoire numérique persistante que d’un usage massif dans l’industrie.
Les conséquences pour les développeurs
Pour les jeunes programmeurs, la question est stratégique : faut-il apprendre Perl en 2025 ? La réponse dépend des ambitions professionnelles. Ceux qui veulent travailler dans la data science, le cloud ou l’IA n’ont aucun intérêt à investir du temps dans Perl....
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